Ayant passé 36 ans en
Hte Égypte, de 1973 à 2009, je livre quelques témoignages :
Je travaillais dans un
dispensaire en milieu rural où venaient presque chaque jour 200
personnes de plusieurs villages surpeuplés d'enfants, d'ânes, de
poules, de chèvres soulevant la poussière des ruelles en terre
battue. C'est l’Égypte de la malnutrition , des épidémies, de la
polio, du trachome ( maladie des yeux) transmis par les mouches
jusqu'à la cécité et des brûlures accidentelles ou provoquées
par des femmes ou des jeunes filles coupées de tout dialogue avec la
famille s'aspergeant de pétrole et craquant une allumette
je suis en train de soigner HANAN de ses blessures
Mohamed est en train de se faire soigner |
- Voici Mohammed, 8 ans, fesses et cuisses en lambeaux, à quatre pattes sur la petite table pour un nouveau pansement. Ce gosse ne parvient plus à étendre ses membres inférieurs entamés par la brûlure. Rétracté, crispé par trop de douleurs, il dort à quatre pattes depuis un mois.
HANAN, MOHAMED , deux enfants parmi d'autres croisés sur la route des brûlés
- Mona arrive soutenue par deux femmes voisines. Son père veuf, sa nouvelle femme ne veut pas garder Mona (13 ans), on la marie sans qu'elle puisse dire un mot, avec un vieux afin qu'elle s'en aille de la maison de son père. Mona battue, maltraitée car au bout d'un an elle n'était pas enceinte ( elle n'avait pas même ses règles ), n'en pouvant plus et ne pouvant revenir dans la maison de son père, elle s'enduit de pétrole et craque une allumette. Elle arrive chez moi accompagnée par deux voisines. Voyant tout son corps brûlé à vif et voyant mon impuissance, sachant que cette fille allait mourir, je l'ai envoyé à l'institut des brûlés, fondé par un suisse à 60 km de chez nous. Elle est morte deux jours après. En partant elle a fixé ses yeux sur les miens et son regard me disait « surtout laissez moi mourir »
CE REGARD RESTE
TOUJOURS FIXE EN MOI ET DANS MON CŒUR
Un bienfaiteur nous a
écrit « A entendre les cris des brûlés on comprend ce que
c'est que de souffrir dans sa chair hors de toute anesthésie et
lorsqu'on voit quelqu'un penché sur les terribles plaies des brûlés,
laver, pommader, panser, on découvre la force de la compassion »
la vieille femme aveugle espère une lueur |
IL EXISTE TOUJOURS UN
CHEMIN ICI A LA ROSERAIE , CHEMIN DE CALME , DE PAIX ,
D'ENTRAIDE, DE JOIE, DE CHARITÉ , SUIVI D'UNE LUMIÈRE AU
BOUT ...
Hedwige
Hedwige
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