jeudi 22 mars 2012

La vie est belle lorsqu'on a la chance et la joie de pouvoir la donner



Ayant passé 36 ans en Hte Égypte, de 1973 à 2009, je livre quelques témoignages :

Je travaillais dans un dispensaire en milieu rural où venaient presque chaque jour 200 personnes de plusieurs villages surpeuplés d'enfants, d'ânes, de poules, de chèvres soulevant la poussière des ruelles en terre battue. C'est l’Égypte de la malnutrition , des épidémies, de la polio, du trachome ( maladie des yeux) transmis par les mouches jusqu'à la cécité et des brûlures accidentelles ou provoquées par des femmes ou des jeunes filles coupées de tout dialogue avec la famille s'aspergeant de pétrole et craquant une allumette

  • je suis en train de soigner HANAN  de ses blessures
    Hanan a 12 ans, on l'a porté jusqu'au fond de la cour, à l'entrée d'une pièce minuscule, écrasée par le soleil où je venais de panser 13 brûlés. Je me suis mise à dérouler les bandes de gaze entourant les jambes de Hanan. Une odeur douceâtre flottait dans la pièce et les mouches tourniquaient sur la ouate gorgée de pus, des morceaux de chair s'agglutinaient au pansement. Hanan hurlait de douleur. «  mes pansements sont maintenant insuffisants, si personne ne décide de la sauver, elle va mourir, ai-je dis à un bienfaiteur qui regardait la scène » celui-ci s'est mis en quatre pour envoyer Hanan à l’hôpital américain au Caire où on l'a sauvé après trois mois.

Mohamed est en train de se faire soigner
  • Voici Mohammed, 8 ans, fesses et cuisses en lambeaux, à quatre pattes sur la petite table pour un nouveau pansement. Ce gosse ne parvient plus à étendre ses membres inférieurs entamés par la brûlure. Rétracté, crispé par trop de douleurs, il dort à quatre pattes depuis un mois.



HANAN,  MOHAMED , deux enfants parmi d'autres croisés sur la route des brûlés

  • Mona arrive soutenue par deux femmes voisines. Son père veuf, sa nouvelle femme ne veut pas garder Mona (13 ans), on la marie sans qu'elle puisse dire un mot, avec un vieux afin qu'elle s'en aille de la maison de son père. Mona battue, maltraitée car au bout d'un an elle n'était pas enceinte ( elle n'avait pas même ses règles ), n'en pouvant plus et ne pouvant revenir dans la maison de son père, elle s'enduit de pétrole et craque une allumette. Elle arrive chez moi accompagnée par deux voisines. Voyant tout son corps brûlé à vif et voyant mon impuissance, sachant que cette fille allait mourir, je l'ai envoyé à l'institut des brûlés, fondé par un suisse à 60 km de chez nous. Elle est morte deux jours après. En partant elle a fixé ses yeux sur les miens et son regard me disait « surtout laissez moi mourir »

CE REGARD RESTE TOUJOURS FIXE EN MOI ET DANS MON CŒUR

Un bienfaiteur nous a écrit «  A entendre les cris des brûlés on comprend ce que c'est que de souffrir dans sa chair hors de toute anesthésie et lorsqu'on voit quelqu'un penché sur les terribles plaies des brûlés, laver, pommader, panser, on découvre la force de la compassion »

la vieille femme aveugle espère une lueur

Je termine parce que m'a dit un jour lorsque je soignais les yeux d'une vieille femme presque aveugle aux confins du désert, «  je ne demande qu'une chose de garder une petite lueur afin de suivre mon chemin »


IL EXISTE TOUJOURS UN CHEMIN ICI A LA ROSERAIE , CHEMIN DE CALME , DE PAIX , D'ENTRAIDE, DE JOIE, DE CHARITÉ , SUIVI D'UNE LUMIÈRE AU BOUT ...
Hedwige


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