Scénettes sur les noms des rues du quartier "Boutonnet"
offertes par les habitants du quartier.
D’abord, un grand merci à eux pour avoir pensé à nous divertir en nous
donnant une partie de leur après-midi. Et quel régal que cet après-midi où la
petite histoire rejoint la grande ! Le héraut avec son beau panache nous
annonce quatre petites scènes qui vont illustrer les noms des rues du Dahomey,
Moquin-Tandon, Francèse de Cézelli et Pouget.
Voici
d’abord le premier roi du Dahomey qui vient nous rappeler la traite des Noirs
et la colonisation du 19ème siècle. Il se présente lui-même : Gangnihessou couronné en 1600. Le costume fastueux, la
couronne, le sceptre tout nous parle de grandeur qui demande le respect. Nous
le lui devons bien pour réparer les fautes de nos ancêtres qui firent de son
grand pays une vulgaire colonie de l’Afrique Occidentale française.
Heureusement ce nom demeure et c’est dans notre quartier que la mémoire du
Dahomey reste gravée présentement et pour
l’éternité »
Et
maintenant nous voici à Montpellier,
durant l’année 1848 , dans la demeure du cousin d’Alfred Moquin Tandon. Arrive
une dame qui paraît hors d’elle ; « Votre cousin, ce fou de Moquin
Tandon va provoquer la honte, oui, la honte et la ruine de la famille…
Mais la cousine ne paraît pas
très inquiète… Elle en a vu d’autres.. Lors d’un voyage à Paris, n’a-t-il pas
osé écrire : »J’ai remarqué que beaucoup de ces Messieurs étaient fort au dessous de leur réputation.
L’usurpation du génie est assez commune à Paris. »
. Et cette fois nous apprendrons qu’Alfred
Moquin-Tandon a mystifié tous les savants de l’époque en publiant un magnifique
livre médiéval, découvert par lui, annoté de sa propre main et qui a provoqué
l’admiration de tous. Mais voici que dans une nouvelle édition, il avoue dans
la préface, être lui-même l’auteur de ce texte soi-disant écrit en langue
romane. Le cousin éclate de rire. « Mais c’est vraiment un génie
Et le héraut reprendra :
« Eh oui, Alfred Moquin-Tandon est
un vrai faussaire, mais il restera un vrai savant dont les travaux sur les
sangsues, les mollusques et les épinands font encore référence aujourd’hui. Il
deviendra Professeur à la Faculté de Médecine de Paris et entrera à l’Académie des Sciences!. !
Avec
Francese de Cézelli, nous voici transportés au temps des guerres de religion.
Henri IV vient de succéder à son cousin
Henri III, mais beaucoup de catholiques ne le reconnaissent pas comme roi. Ils
forment : »La Ligue », s’unissent aux Espagnols contre le roi..
Cézelli est un fidéle du roi, gouverneur de la place de Leucate.
Malheureusement il a été fait prisonnier
par les Espagnols et il croupit dans la prison de Narbonne. Sur son
ordre, c’est son épouse Francese de Cezelli qui gouverne la place de Leucate et
a entamé des négociations avec les Espagnols.
Nous sommes en 1589, à
Portel-des-Corbières, entre Leucate et Narbonne dans le salon de Madame de
Cezelli. Deux dames, ,vêtues de noir, en costumes d’époque. :
-Alors, Magueulonne, quelles
nouvelles de ,mon époux ?
-Rassurez-vous, il va très bien,
il vous assure qu’il ne manque de rien. Monsieur Garceran de Cartella, votre
ami, veille à son confort.
-Vivement Francese
s’indigne :: ce n’est pas mon ami, Magueulonne. Monsieur de Cartella est
un catalan, il compte parmi nos ennemis. Il veut les clés de Leucate et cela je
ne les donnerai jamais.
Survient un gentilhomme. Nous
devinons très vite que c’est Monsieur de Cartella, et que sous prétexte de négociations, il est amoureux de Madame de
Cezelli, ce qui va nous valoir quelques
belles répliques chevaleresques bien caractéristiques de l’époque.Il
apporte de mauvaises nouvelles :
-Il faut rendre les clés de la
ville de Leucate, Madame, sinon le maréchal de Joyeuse va donner l’ordre
d’étrangler votre mari demain matin.
-Allez dire à vos
amis : »Ma fortune, ma vie sont à moi, prenez-les, je vous les donne
volontiers pour mon époux. Mais la ville est au Roi et mon honneur à Dieu, je
dois les conserver jusqu’au dernier soupir »
Et comme Monsieur de Cartella
insiste :
J’ai des biens considérables. Je
les ai offerts et je les offre encore
pour rançon, mais je ne rachèterai point une vie dont il aurait honte de jouir
Pour plaire à Madame de Cezelli,
monsieur de Cartella trouvera un stratagème :il fera évader Monsieur de
Cezelli, à condition de le garder à l’abri de tout regard et de le faire
changer d’identité. Et comme Francèse ne sait comment le remercier, il répond solennellement :
-Je ne veux ni votre fortune, ni
le sacrifice de votre vie…Je vous demande encore davantage…
Qu’adviendra-t-il, Le héraut ne
nous le dit pas ; il revient à la grande histoire.Les assiégeants se
retirèrent trois semaines plus tard. En reconnaissance pour son courage, le roi
Henri IV confia la ville de Leucate à Francèse de Cezelli qui exerça cette
fonction jpendant 27 ans jusqu’à la fin de sa vie.
Enfin, la rue
Pouget. Nous la connaissons tous, mais Monsieur Pouget est un parfait inconnu
pour nous. Et nous allons découvrir, qu’en son temps, il fut célèbre, même à
Paris. Certes il était natif de Montpellier, il écrivit le catéchisme de
Montpellier, mais nos acteurs vont nous révéler un épisode savoureux de sa vie
parisienne.
Sur la scène, un fauteuil, des
couvertures. Entre un vieux Monsieur, toussant, crachant, enveloppé de châles .
C’est Monsieur de La Fontaine qui s’appuie sur le bras de son amie Madame de la
Sablière. C’est un moment important pour lui ; il s’agit de mettre de
l’ordre dans sa vie, et il attend l abbé
Pouget pour sa dernière confession. On
sonne. Entre le jeune abbé, comme un ouragan. Et malgré les supplications de
Madame de la Sablière :
-Soyez doux avec lui. Il est si
gentil, que le Bon Dieu n’aura jamais le
courage de le damner.
l’abbé s’adresse sévèrement à La
Fontaine . Le jansénisme n’est pas loin !...
Vos contes diaboliques,
vos pièces licencieuses
inspirés du démon, il faut que vous les
adjuriez..et en présence de vos pairs de l’Académie
française .Et cette dernière comédie dont
j’ai entendu parler, il faut que vous la brûliez, sinon c’est vous qui brûlerez
dans le feu terrible de l’enfer
La Fontaine a beau plaider sa cause à travers toux, pleurs, supplications il doit
capituler.Il choisira l’absolution, car dans ce siècle de foi, malgré des mœurs
licencieuses, on croit à une vie après
la mort. Et la postérité ne connaîtra jamais la dernière œuvre de La
fontaine !..
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Beaucoup
d’applaudissements pour le jeu des acteurs, les décors les costumes d’époque.
Et beaucoup de reconnaissance pour ceux qui nous ont divertis tout en faisant
revivre nos souvenirs d’histoire..
Marie-Louise Fabre
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