Moulin de la Tourre vu du jardin |
Dans le nord Aveyron, il est un petit
ruisseau nommé le Bonance, ce ruisseau prend sa source dans les
Monts d'Aubrac. Juste avant de rejoindre la rivière du Lot il
alimentait le Moulin de La Tourre situé sur la commune de Pomayrols,
Ce moulin existait déjà au XVII ème siècle.
C'est dans ce décor à la fois
champêtre et verdoyant bercée constamment par le bruissement de la
rivière et de la chute d'eau que j'ai vécu mon enfance. Notre
maison était située à l'étage du moulin.
J'ai toujours était émerveillée par
l'ingéniosité de mon père et sa force à mettre en œuvre des
idées nouvelles.Au retour de la guerre de 1914, il avait dû
remonter les murs du moulin et remettre les turbines en marche.
A partir du vieux moulin de la Tourre un canal souterrain avec un réservoir acheminait l'eau sur les turbines. |
Les années suivantes il imagine avec
un de ses amis de St Geniez d'Olt qu'il pourrait produire de
l'électricité pour tout le village. Il détourne alors une partie
du ruisseau, pour créer une chute d'eau qui pouvait faire
fonctionner à la fois le moulin et, avec un système de poulie, une
dynamo !
Et la lumière fût !!!
L'E.D.F. ne pouvait pas encore
desservir la région c'est pourquoi le 8 mai 1929 la préfecture de
Rodez accorda à mon père un contrat de quarante ans. Mon père
assura ce contrat jusqu'en 1955 lorsque l'E.D.F. vint prendre la
relève.
Village de Pomayrols |
Des habitations, autour du village
n'avaient pas ce privilège tandis qu'à la maison nous pouvions en
jouir sans limites...
Dans mon enfance j'étais éblouie par
la fée électricité. Je ne comprenais pas comment à
partir d'une simple chute d'eau et d'une machine, la lumière pouvait
jaillir !
C'était le début d'une nouvelle
manière de vivre...
Bien plus tard j'ai vécu six ans en
Afrique Centrale où j'ai retrouvé la vie quotidienne sans le
confort d'électricité...
La chute d'eau du ruisseau Bonance, source d'énergie |
A tour de rôle, enfants, nous allions
mettre une vanne en bois, entre deux rochers, pour détourner l'eau
dans les prairies. Matin et soir il fallait y retourner, ce parcours
reste profondément gravé dans ma mémoire. Il m'arrive souvent de
rêver que je marche dans ces parcelles de prairies au bord du ruisseau, au
rythme des petites cascades. C'était à celui d'entre nous qui irait
le plus vite pour faire l'aller- retour. Si nous mettions trop de
temps nos parents s'inquiétaient, c'est vrai que la manipulation
était risquée, en posant la vanne nous risquions de glisser dans le
ravin.
Entrée du moulin de la Tourre |
Meules broyant les céréales. |
Pendant les années de guerre de
nombreux clients venaient se ravitailler chez nous, de jour comme de
nuit …
Ces années m'ont marquées par
l’entraide fraternelle que nous vivions, chacun donnait tout son
possible. Pour répondre aux besoins de nos voisins nous fabriquions
l'huile de noix et de noisette avec les cerneaux. Mon père avait
installé une petite meule pour les moudre, en faire une pâte à
cuire que nous passions au pressoir. ( Un litre d'huile pour deux
kilos de cerneaux de noix et un litre pour trois kilos de noisettes).
Plusieurs centaines de litres étaient pressés durant l'hiver...
Toute cette activité artisanale me
semble aujourd'hui faire partie d'un autre monde.
Ecoute le bruissement de l'eau qui s'écoule Viens puiser à sa source, la joie d’être en vie ! |
Je garde de bons souvenirs de ce temps là, ils sont comme des sources d'énergie et de bonheur de vivre...
Irma B.
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