mardi 3 février 2015

Théâtre!!!



Scénettes sur les noms des rues du quartier "Boutonnet"
offertes par les habitants du quartier.

D’abord, un grand merci à eux  pour avoir pensé à nous divertir en nous donnant une partie de leur après-midi. Et quel régal que cet après-midi où la petite histoire rejoint la grande ! Le héraut avec son beau panache nous annonce quatre petites scènes qui vont illustrer les noms des rues du Dahomey, Moquin-Tandon, Francèse de Cézelli et Pouget.

            Voici d’abord le premier roi du Dahomey qui vient nous rappeler la traite des Noirs et la colonisation du 19ème siècle. Il se présente lui-même : Gangnihessou  couronné en 1600. Le costume fastueux, la couronne, le sceptre tout nous parle de grandeur qui demande le respect. Nous le lui devons bien pour réparer les fautes de nos ancêtres qui firent de son grand pays une vulgaire colonie de l’Afrique Occidentale française. Heureusement ce nom demeure et c’est dans notre quartier que la mémoire du Dahomey  reste gravée présentement et pour l’éternité »

            Et  maintenant nous voici à Montpellier, durant l’année 1848 , dans la demeure du cousin d’Alfred Moquin Tandon. Arrive une dame qui paraît hors d’elle ; «  Votre cousin, ce fou de Moquin Tandon va provoquer la honte, oui, la honte et la ruine de la famille…
Mais la cousine ne paraît pas très inquiète… Elle en a vu d’autres.. Lors d’un voyage à Paris, n’a-t-il pas osé écrire : »J’ai remarqué que beaucoup de ces Messieurs  étaient fort au dessous de leur réputation. L’usurpation du génie est assez commune à Paris. »
. Et cette fois nous apprendrons qu’Alfred Moquin-Tandon a mystifié tous les savants de l’époque en publiant un magnifique livre médiéval, découvert par lui, annoté de sa propre main et qui a provoqué l’admiration de tous. Mais voici que dans une nouvelle édition, il avoue dans la préface, être lui-même l’auteur de ce texte soi-disant écrit en langue romane. Le cousin éclate de rire. « Mais c’est vraiment un génie
Et le héraut reprendra : « Eh  oui, Alfred Moquin-Tandon est un vrai faussaire, mais il restera un vrai savant dont les travaux sur les sangsues, les mollusques et les épinands font encore référence aujourd’hui. Il deviendra Professeur à la Faculté de Médecine de Paris et entrera  à l’Académie des Sciences!. !

            Avec Francese de Cézelli, nous voici transportés au temps des guerres de religion. Henri  IV vient de succéder à son cousin Henri III, mais beaucoup de catholiques ne le reconnaissent pas comme roi. Ils forment : »La Ligue », s’unissent aux Espagnols contre le roi.. Cézelli est un fidéle du roi, gouverneur de la place de Leucate. Malheureusement il a été fait prisonnier  par les Espagnols et il croupit dans la prison de Narbonne. Sur son ordre, c’est son épouse Francese de Cezelli qui gouverne la place de Leucate et a entamé des négociations avec les Espagnols.
Nous sommes en 1589, à Portel-des-Corbières, entre Leucate et Narbonne dans le salon de Madame de Cezelli. Deux dames, ,vêtues de noir, en costumes d’époque. :
-Alors, Magueulonne, quelles nouvelles de ,mon époux ?
-Rassurez-vous, il va très bien, il vous assure qu’il ne manque de rien. Monsieur Garceran de Cartella, votre ami, veille à son confort.
-Vivement Francese s’indigne :: ce n’est pas mon ami, Magueulonne. Monsieur de Cartella est un catalan, il compte parmi nos ennemis. Il veut les clés de Leucate et cela je ne les donnerai jamais.
Survient un gentilhomme. Nous devinons très vite que c’est Monsieur de Cartella, et que sous prétexte  de négociations, il est amoureux de Madame de Cezelli, ce qui va nous valoir quelques  belles répliques chevaleresques bien caractéristiques de l’époque.Il apporte de mauvaises nouvelles :
-Il faut rendre les clés de la ville de Leucate, Madame, sinon le maréchal de Joyeuse va donner l’ordre d’étrangler votre mari  demain matin.
-Allez dire à vos amis : »Ma fortune, ma vie sont à moi, prenez-les, je vous les donne volontiers pour mon époux. Mais la ville est au Roi et mon honneur à Dieu, je dois les conserver jusqu’au dernier soupir »
Et comme Monsieur de Cartella insiste :
J’ai des biens considérables. Je les ai offerts  et je les offre encore pour rançon, mais je ne rachèterai point une vie dont il aurait honte de jouir
Pour plaire à Madame de Cezelli, monsieur de Cartella trouvera un stratagème :il fera évader Monsieur de Cezelli, à condition de le garder à l’abri de tout regard et de le faire changer d’identité. Et comme Francèse ne sait comment  le remercier, il répond solennellement :
-Je ne veux ni votre fortune, ni le sacrifice de votre vie…Je vous demande encore davantage…
Qu’adviendra-t-il, Le héraut ne nous le dit pas ; il revient à la grande histoire.Les assiégeants se retirèrent trois semaines plus tard. En reconnaissance pour son courage, le roi Henri IV confia la ville de Leucate à Francèse de Cezelli qui exerça cette fonction jpendant 27 ans jusqu’à la fin de sa vie.

Enfin, la rue Pouget. Nous la connaissons tous, mais Monsieur Pouget est un parfait inconnu pour nous. Et nous allons découvrir, qu’en son temps, il fut célèbre, même à Paris. Certes il était natif de Montpellier, il écrivit le catéchisme de Montpellier, mais nos acteurs vont nous révéler un épisode savoureux de sa vie parisienne.
Sur la scène, un fauteuil, des couvertures. Entre un vieux Monsieur, toussant, crachant, enveloppé de châles . C’est Monsieur de La Fontaine qui s’appuie sur le bras de son amie Madame de la Sablière. C’est un moment important pour lui ; il s’agit de mettre de l’ordre dans sa vie, et il attend  l abbé Pouget pour sa dernière confession.  On sonne. Entre le jeune abbé, comme un ouragan. Et malgré les supplications de Madame de la Sablière :
-Soyez doux avec lui. Il est si gentil, que le Bon Dieu  n’aura jamais le courage de le damner.
l’abbé s’adresse sévèrement à La Fontaine . Le jansénisme n’est pas loin !...
Vos contes diaboliques,  vos pièces licencieuses  inspirés du démon, il faut que vous les adjuriez..et en présence de vos pairs de l’Académie  française .Et cette dernière comédie dont j’ai entendu parler, il faut que vous la brûliez, sinon c’est vous qui brûlerez dans le feu terrible de l’enfer
La Fontaine a beau  plaider sa cause  à travers toux, pleurs, supplications il doit capituler.Il choisira l’absolution, car dans ce siècle de foi, malgré des mœurs licencieuses, on croit  à une vie après la mort. Et la postérité ne connaîtra jamais la dernière œuvre de La fontaine !..
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Beaucoup d’applaudissements pour le jeu des acteurs, les décors les costumes d’époque. Et beaucoup de reconnaissance pour ceux qui nous ont divertis tout en faisant revivre nos souvenirs d’histoire..



                                                                                       Marie-Louise Fabre







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